lundi 30 août 2010

Rock en Seine 2010

 Roken Is Dodelijk
Band Of Horses
Kele
 Foals
 Chew Lips
Stereophonics
Two door Cinema Club
 The Black Angels
Beirut


Rock En Seine 2010, dans le désordre c'était:  de la pluie, de captivantes découvertes, des éclats de rire, des lives à vous couper le souffle, de la pluie ( encore), de la bière fraîche, des pelouses plus très fraîches elles, de l'énergie à l'état brut, un je ne sais quoi de magique et d'apocalyptique à la fois... (et une paire de Repetto foutues).  
Résumé de 3 jours de festival, pas comme les autres. 

Day #1

Evelyne Delhiat l'avait dit... il y aurait quelques ondées sur Paris ( oui... des petites ondées).  Et effectivement, la pluie fut extrêmement ponctuelle. Franchissement des portes à 14h58... 14h59, l'orage éclate. Le ciel se déchaîne, les festivaliers courent s'abriter dans des abris de fortune... et seuls quelques courageux restent vaillamment applaudir le groupe américain qui ouvre le festival Minus The Bear. Impossible donc de vous commenter ce live, pour ma part, je buvais un verre de vin blanc à l'abri, priant pour que le ciel devienne plus clément. 
Et là, oh miracle une accalmie.  Juste à temps pour découvrir le groupe lillois Roken is Dodelijk qui derrière ce nom peu réjouissant, cache une musique pétillante et sensible. Une pop rafraîchissante et soignée. Un joli moment qui ne restera pas ancré dans nos mémoires mais une jolie découverte malgré tout. 
Il est 16h20 et Band of Horses monte sur scène accompagné d'un timide rayon de soleil. La mise en scène est minimaliste, mais la voix de Benjamin Bridwell suffit à vous emporter loin, très loin. C'est beau et pur. Surtout lorsque les voix s'élèvent sur Is there a Ghost. Le festival prendrait presque des allures mystiques. 
Un peu plus tard c'est Kele qui fait son entrée sur la Grande scène. Kele Okereke, leader de Bloc Party, vient ici présenter son premier album solo que je n'avais que très peu écouté. Il livrera un live en demi teinte qui ne décollera jamais vraiment. Pourtant l'énergie est là, mais il n' y a plus cette tension palpable qu'il arrivait à faire naître avec Bloc Party. On était motivé, on repart un peu dépité... 
Il est 17h40... le ciel est plus que jamais lourd de nuages et sur la Scène de la Cascade débarque les indomptables Foals. Ils sont pour la plupart du (jeune) public, le groupe phare de ce vendredi. Celui qu'ils attendaient pour abîmer leurs baskets et faire chavirer la fosse. Total Life Forever est certainement l'un des meilleurs albums de ces derniers mois et, le live fut à la hauteur de mes espérances. Yannis Philippakis ouvre le bal avec cette froide concentration qui le caractérise. Le son est glacial, brut, explosif et étrangement teinté de mélancolie. La fosse s'emballe sur un Cassius plus math rock que jamais, laissant certains complètement lessivés ( j'en suis). Et soudain, survient ce moment que tout le monde attendait. Un moment de pure magie. Les premières notes de Spanish Sahara retentissent, profondes et déchirantes et le ciel, comme un spectateur immobile ouvrira les vannes pour inonder un public euphorique d'assister à cette mise en scène improvisée si poétique. 
Suivent ensuite les live de Beast et The Kooks... Les premiers m'avaient conquis grâce à quelques morceaux bien sentis, entre funk punk et rock. Une fois en live, le plaisir n'est plus vraiment là. Le jeu scénique est sommaire, l'énergie n'y est pas... bref, on passe. 
Quant aux Kooks, malgré l'énergie déployée sur scène et les tubes enchaînés avec la maîtrise d'un groupe de deux fois leur âge, le sentiment d'assister à un concert pour minettes finit de tuer notre motivation. C'est l'heure de prendre une bière. 
Il faudra attendre 21h pour voir les Black Rebel Motorcycle Club monter sur scène. Endeuillés suite au décès de leur régisseur du son la semaine dernière ( et père du bassiste), c'est dans une ambiance plus que ténébreuse qu'ils apparaissent et entament un "Beat the Devil's Tattoo" à vous remuer les tripes. La suite est techniquement impeccable. Les basses lancinantes, les voix semblant venir des entrailles de la terre et un son rugueux qui fait du bien. Un live sans surprise mais remarquable. 
Il est 22h et je laisse les nostalgiques des années lycée investir la grande Scène pour sautiller gaiement sur Blink 182. Déjà en 93, je n'aimais pas alors en 2010... 


Day #2

Evelyne Delhiat l'avait bien redit... encore quelques ondées à déplorer sur la région parisienne. Le ciel doit vraiment nous en vouloir car, à peine posé le pied sur la pelouse de Saint Cloud une jolie petite pluie s'abat sur nous. Cette fois-ci, on ne baisse pas les bras... et on file écouter l'électro pop de Chew Lips qui aura d'ailleurs fait revenir le soleil à renfort de beats revigorants. Emmené par Tigs, chanteuse aux allures de poupée survitaminée, le groupe arrive à faire remuer un public en pleine digestion... Bravo! 
Le problème d'un festival comme rock en Seine, c'est qu'il faut sans cesse faire des choix cornéliens. 3 scènes, des centaines de mètres de marche et souvent des concerts programmés simultanément pour lesquels il faut faire l'impasse... Et là, le choix devait se faire entre Stereophonics ( groupe oh combien nostalgique de nos années bac) et Quadricolor, jeune groupe prometteur français. Tant pis pour les niçois, Stereophonics remporte la palme. Et même si on connaît la recette par coeur, ça fonctionne à chaque fois. On se retrouve à s'époumoner sur  "Mr Writer", à sourire bêtement sur "Maybe tomorrow"... on est heureux, les gens autour de nous le sont aussi. Et même si Kelly Jones a des airs de rocker de série tv, on adore.
17h40... on file voir les Two door cinema club. Et là, on mise le tout pour le tout on ose le devant de la scène, le coeur de la fosse... bref, on sait que ça va faire mal mais tant pis... Et effectivement, dés leur entrée sur scène, les irlandais provoquent un véritable ras de marée dans un public devenu soudainement incontrôlable. Ca chahute, ça se bouscule et le groupe s'en réjouit. Ils enchaînent les tubes et la pelouse se transforme en joyeux bordel. On ressort lessivés mais heureux. 
Inutile de préciser qu'on passera sur le live du trop beau, trop lisse, trop "Taratata", Paolo Nutini. Et qu'on préfère largement s'allonger sur la pelouse à siroter un coca bien frais en écoutant au loin l'aérienne voix de Martine Topley Bird nous bercer. Délicieux moment. 
20h énième aller retour sur la Grande Scène... pour assister au live des légendaires Queens of the Stone Age. Josh Homme est en terrain conquis. Il distille un rock précis et calibré. Sans surprise mais taillé pour les stades. J'avais préféré très largement la prestation des Eagles of Death Metal l'année précédente. Qui avait beaucoup plus pimenté leur live et avait offert un show sexy en diable. 
On n'attendra d'ailleurs pas la fin du live du quartet pour courir rejoindre la scène qui accueillera les délires électro  de James Murphy. Et là, encore une fois, on se la joue kamikaze et on ose les premiers rangs. La foule est surchauffée, et c'est sur le "I'm not in Love" so romantic des 10CC qu'entre en scène LCD Soundsystem
Il s'agira d'un des meilleurs live du festival. Endiablé, suave, fiévreux, orgasmique. Une véritable déflagration. La fosse est tout simplement renversée et se transforme en dancefloor géant à ciel ouvert. James Murphy s'amuse visiblement devant ce public survolté et plus le live avance plus le son se fait moite et crade. Et c'est en choeur, que le public reprendra en final "New York I Love You, but you're bringing me down... ". Magnifique. Epique.  Apogée d'un live inoubliable. 
Et ce n'est pas fini... car peu avant minuit, les frères Dewaele vont finir d'épuiser nos jambes déjà bien entamées. J'avais déjà vu les 2 Many dj's il y a 3 ans dans ce même festival, et j'avais souvenir d'une prestation scénique à couper le souffle. Ce soir, ils livreront au public un live époustouflant. Plus d'une heure de mix détonant et inventif servi par une explosion visuelle incomparable. La foule est hystérique. Saint Cloud chavire et se noie.
Un aperçu ici et là. 

Day #3
 

Le dernier jour  on ne prend même plus la peine d'écouter Evelyne Delhiat. De toute façon, la pluie est devenue un peu notre amie durant tout le festival. 
Les festivaliers du dimanche portent sur eux les stigmates de la folle soirée de la veille. Et même si la journée s'annonce remplie, elle sera assurément plus calme. Temper Trap sur la Grande Scène nous réveille en douceur. La voix haut perchée de Dougy Madagi est une compagne idéale pour ce début d'après-midi. Le live est bien calibré, sans faute et agréable... 
Ca devient plus rugueux en milieu d'après-midi avec les très bons Black Angels. Du rock fiévreux et puissant. Un jeu de scène minimaliste mais magistralement servi par une sonorité sombre et hypnotique. Une trés belle surprise qui donne envie d'en savoir plus sur ce groupe américain. 
A quelques mètres de là, commencera le live de I Am un Chien.  Présenté comme un groupe   " à l'électro rock hystérique", le moins que l'on puisse dire c'est qu'effectivement de l'hystérie le chanteur en a à revendre. En tout cas, il nous aura pousser plus vite vers la Grande Scène pour assister au magnifique live de Beirut
Encore une fois, Zach Condon nous aura emmené très loin... et réussit la prouesse de faire monter l'émotion sur une scène aussi gigantesque que celle-ci. Le public l'acclame et il en semble presque gêné. Un moment de grâce et de poésie. Et surtout un moment fort du festival. Merci Beirut... 
Un peu plus tard, sur la même scène, ce sera The Ting Tings qui viendront dynamiser la foule. Rien de nouveau de leur côté. Un jeu de scène dynamique et pop à souhait. Une armée de tubes et un public sautillant. 
C'est avec regret que je décide de faire l'impasse sur le concert des mythiques Roxy Music, préférant m'assurer une place de choix pour le live d'Arcade Fire. 
C'est donc à 22h que montent sur scène les canadiens surdoués. La scénographie est éblouissante et ce live va se révéler dantesque. Saint Cloud prend des allures de cathédrale à ciel ouvert. Et la foule se retrouve complètement submergée par une incomparable émotion. Les voix se mêlent, les cordes s'emballent et le concert se pare d'un somptueux lyrisme. Et à l'unisson, le public accompagne le groupe dans ses choeurs limpides. Il ne manquait plus que la pluie... ou plutôt la tempête. Et lorsque des trombes d'eau s'abattent sur le public, c'est les mains levées au ciel que le public accueille cette orageuse ovation. Mais malheureusement, la technique ne s'entend pas bien avec l'humidité... et c'est donc prématurément que le live s'arrêtera par mesure de sécurité. Sur un Wake up quasi acoustique et absolument magique, le groupe canadien s'éclipsera donc à regret... nous laissant avec l'amère impression d'avoir vécu au sens propre comme au figuré une douche froide. Mais aussi avec la sensation d'avoir partagé hier soir, avec quelques 100 000 autres festivaliers, un moment inoubliable.  L'apocalypse selon Arcade Fire. 


Arcade Fire - Wake Up ( live)


Crédits Photos : Frédéric Crétot


jeudi 26 août 2010

Demain...


Des pelouses fatiguées, des bières fraîches, les jambes en compote, les yeux grands ouverts et les oreilles comblées, un air de vacances à Paris... demain Rock en Seine ouvrira ses portes pour 3 jours de musique et de live. La programmation s'annonce excitante. Je vous en dirais plus très vite pour un petit compte rendu digne de ce nom. 
Bon Festival à tous! 

vendredi 6 août 2010

Peter Hujar





Il m'aura fallu une magnifique après-midi aux Rencontres Photographiques d'Arles pour redécouvrir l'intense travail de Peter Hujar. Je connaissais déjà quelques unes de ces photographies. Notamment le magnifique portrait de Candy Darling sur son lit de mort, qui avait somptueusement illustré l'album d'Anthony and The Johnson ( I am a bird now). Et aujourd'hui, j'ai pu à nouveau me replonger dans cette oeuvre troublante, émouvante, complexe et cruelle. Des photos à la beauté crue et sans concession. Un regard rempli de lucidité sur son époque et sur ses blessures.  Il aura été le photographe des marginaux, des exclus, de la société gay, de la rue, du ghetto et de la solitude. Simplement témoin du monde autour de lui. La sensibilité  et le génie en plus.